Sculpteur sur rouille
Quand il bat la campagne, c'est pour traquer les décharges,
comme d'autres les champignons ou les mûres des buissons. Ressorts
de matelas ravagés, bidons déformés, ustensiles aux
lambeaux oxydés, mécaniques désossées, il
empile tous ces précieux trésors dans le capharnaüm
de son atelier. Un jour, de quatre boites de conserve rouillées,
trois couvercles du même métal, un fragment de tôle
et quelques fils de fer, naîtra un fascinant batteur de jazz dont
les sept bras vous emporteront dans un fascinant solo. Au fil des ans,
la «métal-morphose» vire à l'abstrait: de support,
le socle devient sculpture, couronnée d'une touche figurative comme
cet étourneau ou ce dresseur de cheval ailé perchés
sur les élancements d'une improbable lanterne magique chinoise
constellée de médailles aux idéogrammes rongés.
Parfois, comme son maître Yankel, le sculpteur se fait peintre,
dans d'étonnants «assemblages de déchets» alliant
bois et fer sur des aplats colorés où dominent souvent le
bleu et le rouge.
Michel Texier
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